23/03/2016

Les banques européennes baissent pavillon


Les banques d’investissement américaines pourraient ravir en 2016 la première place du marché européen, selon l’institut Bruegel.


Face à la concurrence américaine, les banques de marché européennes décrochent.
Selon l’institut Bruegel, pour la première fois en 2016, en Europe, « les banques d’investissement américaines pourraient prendre la première place du podium en termes de part de marché, face à leurs concurrentes européennes. » Ce think tank qui est basé à Bruxelles et présidé par Jean-Claude Trichet, relève dans une note publiée le 6 mars que Deutsche Bank, Barclays et autres BNP Paribas sont descendus en dix ans de 55% de part de marché à 46% sur la zone EMEA (où l’Europe pèse 80 % des activités à côté du Moyen-Orient et de l’Afrique). Simultanément, les firmes de Wall Street (JP Morgan, Citigroup, Goldman Sachs...) ont grimpé de 37 à 44,6 %. Le constat est amer : les établisse- ments américains, fauteurs de troubles en 2008, sont les premiers à tirer parti de la réglementation imposée depuis cette crise... aux banques européennes. 

« Quand l’Europe légifère ou réglemente, elle poursuit l’objectif de sécuriser le système bancaire et, plus largement, économique, relève Marc Sabatier, associé chez Julhiet Sterwen. Même objectif pour les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, mais avec, en outre, la volonté de conforter l’assise économique et les positions concurrentielles de leurs acteurs bancaires et financiers. » Résultat : l’Europe, concentrée sur la nécessité d’interdire la création d’immenses banques systémiques, « laisse le champ libre aux banques américaines qui apparaissent comme les seuls acteurs paneuropéens », analyse Bruegel.

Frédéric Oudéa, patron de la Société générale et président de la Fédération bancaire européenne, ne cesse de mettre en garde contre cette perte de souveraineté économique. Que se passerait-il si New York décidait, en cas de nouvelle crise grecque, de ne plus risquer ses capitaux sur le Vieux Continent ?  « Les champions industriels européens auraient un sérieux désavantage compétitif s’ils ne pouvaient plus compter sur un accès aux capitaux alors que leurs concurrents américains et chinois, eux, le pourraient », relevait Frédéric Oudéa fin 2015.

« On ne peut relancer la compétitivité et l’emploi, en particulier en France, sans le rôle central de la finance, qui est une filière d’avenir, complète Edouard-François de Lencquesaing, délégué général de l’European Institute of Financial Regulation. Elle repose sur un écosystème, national et européen, qui doit permettre à ses acteurs de se projeter avec succès vers les marchés mondiaux. »

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