LE LOBBYISTE QUI FAIT TREMBLER L’INDUSTRIE DU TABAC
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Au Stade de France
le 30 mai 2015. Dans la
loge d’Yves Trévilly
(debout à droite),
Jean-Vincent Placé vient
saluer Dominique
Strauss-Kahn(dedos).
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Ci-contre, le même soir,
Yves Trévilly et DSK.
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Longtemps, Yves Trévilly a défendu les intérêts de l’industrie du tabac. Il les combat aujourd’hui. Ce lobbyiste a mis son important réseau politique au service d’une multinationale suisse qui rêve de décrocher un marché prometteur : la traçabilité des cigarettes. L’histoire d'une revanche personnelle, mais aussi d'une guerre industrielle aux enjeux colossaux
Stade Saint-Denis, 30 mai 2015. Dans les loges du Stade de France, Dominique Strauss- Kahn et sa compagne, Myriam L’Aouffir, roucoulent devant la finale de la Coupe de France opposant le Paris Saint-Germain à Auxerre. Le couple, qui s’affiche peu en public, est entouré ce soir-là d’un aréopage de journalistes et de personnalités politiques : le député (LR) Thierry Solère, le communicant Patrick Dray, ancien conseiller de François Fillon aujourd’hui au service de Gérard Larcher, le président du Sénat. Ou encore Jean-Vincent Placé venu les saluer à la mi-temps. Le match est rasoir, alors on s’égaye en buvant du bon vin. Dans la loge, un homme au front dégarni, tempes grisonnantes, chemise griffée à ses initiales, va de convive en convive, chuchotant un mot à l’oreille de l’un, échangeant un rire complice avec un autre. Il est le maître de cérémonie de la soirée, la puissance invitante. Pour le grand public comme pour les photographes trop heureux de pouvoir « mitrailler » DSK, c’est un inconnu. Pour les autres... Yves Trévilly – c’est son nom – préfère naviguer en coulisses. Son métier l’exige. Il est l’un des lobbyistes les plus redoutés à Paris, frayant depuis vingt ans avec de nombreux responsables politiques, droite et gauche confondues. Une grande gueule, séducteur et cynique, mais aussi un fin connaisseur des arcanes législatifs. Recevoir DSK dans sa loge, qu’il loue 250 000 euros à l’année, c’est un « coup », une manière pour lui de montrer l’étendue de son influence, de ses réseaux.
Yves Trévilly le jure : on ne parle pas de business ni de politique devant un match de foot. On passe seulement une bonne soirée entre copains. Pas question, dit-il, de s’épancher sur les projets de son employeur, Sicpa, une multinationale suisse partie en guerre contre l’industrie du tabac. Spécialisée dans les encres infalsifiables des billets de banque, Sicpa rêve de remporter un marché qui s’annonce florissant : la traçabilité des cigarettes, autrement dit le marquage des paquets afin de lutter contre le marché noir. Accusés d’alimenter ce commerce illicite, les fabricants, eux, défendent leur propre système de traçabilité, dont l’efficacité est contestée. Sicpa n’a pas recruté Trévilly par hasard. Car s’il y a un sujet que notre homme connaît sur le bout des doigts, c’est bien le tabac. De 2005 à 2012, il fut le lobbyiste en France de British American Tobacco (BAT), un des plus importants fabricants au monde (Lucky Strike, Pall Mall, Dunhill...). C’est lui qui démarchait les députés, les conseillers dans les ministères, les hauts fonctionnaires des Douanes, plaidant contre l’augmentation des prix du tabac, s’opposant à l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Distillant, quand il le fallait, des éléments de langage aux journalistes. Invitant tout ce beau monde à Roland-Garros ou – déjà – dans la loge que BAT louait alors au Stade de France et que Trévilly reprendra à son compte après son départ. Sous son parrainage, chaque année, était organisé le traditionnel banquet du Club des Parlementaires Amateurs de Havanes, au cours duquel trinquaient, dans une éthylique et joyeuse connivence, hommes politiques et industriels du tabac.
Il y a bientôt quatre ans son histoire d’amour avec le monde du tabac s’est achevée dans le bruit et la fureur. Trévilly est alors passé de l’autre côté, attaquant brutalement ce qu’il défendait quelques mois plus tôt, révélant à qui voulait l’entendre les secrets des cigarettiers : sur la fiscalité, la fixation des prix, la collusion entre élus et fabricants. Peu banale, son histoire est d’abord celle d’un transfuge, d’une revanche personnelle. Elle raconte aussi un métier, celui de lobbyiste, et une bataille industrielle, aux enjeux qui se chiffrent en milliards d’euros. Celle-ci s’est achevée en décembre dernier à l’Assemblée nationale par le vote d’un amendement qui risque de coûter cher aux fabricants de tabac. Yves Trévilly y a joué un rôle déterminant, mettant son savoir-faire et son carnet d’adresses au service de Sicpa. Son passé, son tempérament, son envie d’en découdre, ont ajouté une touche passionnelle à l’affaire. Pour les fabricants, il est devenu un homme à abattre. Des agences de communication ont même été mandatées pour faire circuler un dossier sur les conditions houleuses de son départ de chez BAT.
C’est après plusieurs relances qu’Yves Trévilly accepte de nous rencontrer dans un café. Longue silhouette un peu voûtée, gorge nouée, l’homme ne ressemble guère au lobbyiste flamboyant décrit par ses amis. Il nous accuse aussitôt d’être à la solde des fabricants de tabac : « Vous avez des commanditaires qui vous commandent un papier, vous le faites [...] Aujourd’hui, la seule entreprise qui a mis en place un système de traçabilité indépendante, c’est Sicpa. Il faut donc salir la boîte qui semble la mieux placée pour répondre à des marchés et les obtenir. » Sur ses relations avec le monde politique, Trévilly se montre en revanche moins disert. Elles sont pourtant parfois très directes et sans ambiguïtés comme le montre cet échange de mails d’août 2012 dont « l’Obs » a eu connaissance. Le destinataire s’appelle François Kalfon, alors responsable des études d’opinion au PS et cofondateur d’une société de conseil, Majorelle, avec sa compagne de l’époque, la communicante Anne Hommel. Trévilly, qui travaille encore pour BAT, demande à Kalfon de passer une note sur le paquet neutre à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Réponse de Kalfon : « Je m’en occupe... » Aussitôt, Trévilly en réfère à la présidente de BAT : « Notre lobbyiste fait passer la note à Marisol Touraine. » Pourquoi donc ce cadre socialiste accepte-t-il de jouer les intermédiaires ? Tout simplement parce qu’il vient de signer pour le compte de sa petite entreprise un contrat de six mois avec... BAT, pour un montant de 24 000 euros hors taxe. Au téléphone, François Kalfon confirme : « J’avais une mission d’affaires publiques pour British American Tobacco. Ça n’a pas été très concluant. La seule chose que j’ai faite, c’est d’organiser deux ou trois rendez-vous avec des membres du cabinet du ministre du Budget sur le prix du tabac. [...] N’étant pas parlementaire, il n’y avait pas de conflit d’intérêts entre mes fonctions et cette mission. »
« Pourquoi Kalfon ?, demande-t-on aujourd’hui à Trévilly.
– Parce qu’il fallait faire appel à quelqu’un.
– Parce que la gauche venait d’arriver au pouvoir, qu’il avait des contacts, beaucoup de réseaux, qu’il pouvait vous aider ?
– Ce qui serait la définition d’une action de lobbying. »
A cette époque, Yves Trévilly est au sommet de sa carrière. La victoire des socialistes aux élections n’inquiète pas trop cet homme de droite qui fut, sous Chirac, chef de cabinet du ministre des PME Renaud Dutreil. Au Stade de France, la loge BAT ne désemplit pas, pour les matchs des Bleus comme pour les concerts de Madonna, de Johnny ou de Coldplay. Parmi les invités plus assidus, le socialiste Julien Dray et le sénateur Jean-Vincent Placé. Trévilly a alors 48 ans ; enjôleur, le verbe facile, il est riche – un salaire mensuel brut de 26 000 euros –, se sent puissant. Trop ? Le voilà qui sort de l’ombre dans laquelle aiment frayer les lobbyistes. Il accorde des entretiens au « Monde », à Canal+. Déclare n’éprouver « aucun respect pour les associations antitabac qui bouffent à tous les râteliers et sont financées par les laboratoires pharmaceutiques ». La chute n’en sera que plus brutale. Le 30 septembre, une lettre anonyme met en cause son comportement vis-à-vis de ses collègues. D’autres cadres sont également visés. Une enquête interne est diligentée et, un mois plus tard, Trévilly est licencié pour faute grave. Sur ce sujet, ni BAT ni Trévilly ne souhaitent s’exprimer, l’affaire étant en cours devant les prud’hommes. Devant nous, Trévilly se contente de dire qu’il a « adoré sa vie chez BAT [...] Je n’ai aucune revanche à prendre, je suis un mec hypercool ».
Viré du jour au lendemain, Trévilly est à terre, mais l’homme a de la ressource et, surtout, des fidélités à revendre. Dès janvier 2013, il crée une société de conseil, Sélénor, et se rapproche de Sicpa. Présente dans 80 pays, cette multinationale refuse de dévoiler ses résultats financiers mais on estime son chiffre d’affaires à plus de 1 milliard d’euros. « C’est une société qui n’aime pas la publicité. Elle travaille dans l’ombre, à huis clos. Pour approcher les décideurs publics, ses méthodes de lobbying peuvent parfois être agressives », explique un ancien cadre. Au Brésil, la firme est soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin afin d’obtenir le renouvellement d’un contrat. Une enquête a été ouverte l’an passé. Pour Sicpa, le marché français de la traçabilité pèse « seulement » 80 millions d’euros mais, poursuit notre source, « la France est un cheval de Troie. Si les pouvoirs publics choisissent Sicpa, les autres pays européens suivront ». Recruter Trévilly comme directeur général de sa filiale française, c’est, pour Sicpa, s’assurer un réseau d’élus capables de relayer ses arguments. Et contrer ceux des fabricants de tabac et de leurs nombreuses agences de lobbying.
Sur ce transfert peu banal, Trévilly use d’une comparaison un rien présomptueuse : « C’est comme passer du Milan AC au PSG quand on s’appelle Ibrahimovic et qu’on va rejouer contre le Milan AC [...] J’ai refusé énormément de sollicitations pour dénoncer un certain nombre de choses [...] Aujourd’hui, ils se disent : “Mon Dieu, ce garçon est parti avec tous nos secrets et il est en train de nous niquer.” C’est faux ! » La mission de Trévilly est simple : faire adopter par la France le système de traçabilité voulu par Sicpa. « Il y a deux façons de faire du lobbying, argumente Trévilly. Un lobbying à la kalachnikov, des gens qui multiplient les rendez-vous. Je n’ai jamais été adepte de ça. Moi, je sens les choses, je vois les trucs qu’il faut faire, j’essaie de viser les bonnes personnes... »
A l’Assemblée nationale, certains revirements ne passent pas inaperçus. Présenté comme un proche de l’industrie du tabac, le député Thierry Lazaro (LR) dépose subitement un amendement favorable au marquage des paquets de cigarettes. Faut-il y voir la main de Trévilly, dont il fut l’invité au Stade de France ? « Je le connais depuis de nombreuses années, admet Lazaro. Son père adoptif, le chanteur Michel Delpech, est alors atteint d’un cancer. On la voit poser poitrine dénudée contre le cancer du sein. On sait moins qu’elle a monté depuis sa propre société de lobbying, Errata, ou qu’elle est « apporteuse d’affaires », selon ses dires, pour une entreprise d’intelligence économique. A « l’Obs », Pauline Delpech jure que son combat contre le tabac est désintéressé : « Vous pouvez regarder partout, je n’ai aucun lien financier avec Yves Trévilly ou avec Sicpa. Je veux faire du mal aux cigarettiers. La traçabilité indépendante va enrayer le marché parallèle qui touche les adolescents. » Trévilly aussi dément tout lien professionnel avec Delpech : « Elle n’est pas mon “ambassadrice”. » Et pourtant, avec un culot monstre, Pauline Delpech parvient à s’introduire dans tous les cénacles où il est question de cigarette. Elle sollicite des parlementaires anti- tabac comme la députée socialiste Michèle Delaunay, afin de leur présenter Yves Trévilly. « Trévilly est venu me voir il y a un an avec Pauline Delpech, raconte Delaunay. Il m’a expliqué par quels mécanismes augmenter la fiscalité au détriment des cigarettiers. Il ne m’a pas dit qu’il travaillait pour Sicpa. » Un autre élu écologiste décrit la technique de Pauline Delpech : « Démarcher des parlementaires de tout bord grâce à son côté sympathique. Elle m’a fait rencontrer Yves Trévilly. Elle le présente comme quelqu’un qui vient de l’industrie du tabac et qui a des infos à donner. Il ne veut pas apparaître mais il dit : “Si vous avez besoin, je vous aiderai.” » La jeune femme a ses entrées partout : auprès du conseiller social de l’Elysée, Michel Yahiel, du député européen Philippe Juvin (LR) ou de son collègue Gilles Pargneaux (PS), à l’initiative, avec elle, d’un groupe de travail qui vise notamment à promouvoir « la traçabilité indépendante des produits du tabac ».
Mais c’est surtout auprès de Bruno Le Roux, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, que Pauline Delpech va jouer un rôle décisif. De par sa fonction, Le Roux est le député le plus influent de l’hémicycle. Jusqu’alors, il ne s’était jamais intéressé au tabac. Tout change à partir de sa rencontre avec Delpech. « Elle est la première à m’avoir évoqué les enjeux du protocole de l’OMS [l’Organisation mondiale de la Santé qui, en 2012, pose le principe d’une traçabilité indépendante des fabricants] », reconnaît Le Roux. Il dit avoir reçu la jeune femme « trois ou quatre fois » dans son bureau et lors d’un déjeuner. Delpech, elle, parle « d’une dizaine de rendez-vous et de deux déjeuners ».
« Vous êtes-vous posé la question des liens entre Pauline Delpech et Yves Trévilly, qui agit, lui, au nom d’intérêts industriels ? demande-t-on à Le Roux.
– Non. Ce n’est pas mon problème, répond-il sèchement. La traçabilité est un sujet majeur. L’industrie du tabac est la principale responsable de l’organisation de la contrebande. »
Lors des débats à l’Assemblée, le patron des députés PS devient le plus fervent défenseur non seulement d’une traçabilité indépendante (un principe que peu de parlementaires contestent), mais surtout d’une mise en place immédiate de ce système, ce qui aurait pour effet de favoriser Sicpa, un des seuls acteurs à pouvoir tout de suite proposer une solution clé en main. Au cours de l’année 2015, Bruno Le Roux intervient au moins à sept reprises sur cette question ! Quitte, ce qui est très rare, à s’opposer au gouvernement, celui-ci préférant s’en remettre à une solution européenne. Peu suspecte de complaisance envers l’industrie du tabac, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’étonne de cette volonté d’aller si vite. « Je ne peux qu’être favorable à l’objectif que vous poursuivez, mais je suis très perplexe quant à la faisabilité concrète et au caractère juridiquement opposable des dispositions que nous serions amenés à adopter [...] En droit pur, l’avis du gouvernement doit être défavorable », explique-t-elle devant les députés le 3 avril 2015. Quelques mois plus tard, c’est au tour de Christian Eckert, secrétaire d’Etat chargé du Budget, de dire non à l’amendement défendu par Bruno Le Roux. « Je n’ai absolument aucun lien ni avec un quelconque lobby défenseur ou non de l’industrie du tabac, ni avec un groupe industriel qui souhaiterait promouvoir tel ou tel dispositif », ose même lancer Eckert, allusion à peine voilée à Sicpa. Pas de quoi refroidir les ardeurs de Le Roux qui, dès le lendemain, affirme avoir « saisi le président de la République afin qu’il réunisse les présidents de groupe le plus rapidement possible et nous dise comment il entend mettre en œuvre ce système de lutte contre le trafic ».
Un tel activisme ne passe pas inaperçu. Un jour, le député Dominique Lefèvre (PS) apostrophe Le Roux : « Fais gaffe Bruno, tu n’as pas à te faire le porte-parole d’intérêts industriels ! » « Ça n’a rien à voir avec ça ! », répond Le Roux. Spécialiste des questions fiscales, Charles de Courson (LR) se montre lui aussi dubitatif : « Parfois, on se demandait ce que Le Roux venait faire en séance. Il a quand même été très insistant. » Moins diplomate, un sénateur assure : « Bruno Le Roux est proche de Delpech, laquelle est dans la main de Trévilly. »
Très actif à l’Assemblée, Le Roux se montre moins pressé quand il s’agit de nous rencontrer. Nous devons lui envoyer une liste de questions, notamment sur ses liens avec Pauline Delpech, pour qu’il nous reçoive sur le-champ. Dans son bureau, le président du groupe PS fanfaronne : « Personne ne fait pression sur moi ! Pauline Delpech ne tient ni mes idées ni ma main [...] Elle ne m’a jamais demandé de faire quelque chose. » Il concède cependant connaître Trévilly et même, une fois, avoir « passé une tête » dans sa loge du Stade de France, où il dit se rendre régulièrement en tant que député de Seine-Saint-Denis. « Trévilly est quelqu’un de sympathique, soutient-il. J’ai pu boire des verres avec lui de manière amicale, mais pas une seule fois il n’a cherché à me contacter sur la question de la traçabilité. »
Le 11 décembre 2015, l’article 569 du Code général des Impôts, qui organise le système actuel de traçabilité, est abrogé, comme le souhaitait Bruno Le Roux – et Sicpa –, ouvrant la voie au lancement d’un appel d’offres pour tracer les cigarettes vendues en France. « Ce n’est pas uniquement grâce à moi que Bruno a porté ce combat sur la traçabilité, mais en partie, oui », glisse avec un grand sourire Pauline Delpech. Il y a trois semaines Sicpa annonçait son alliance avec le groupe français Capgemini, levant le dernier obstacle à la réussite de sa stratégie ( jusqu’alors, ses détracteurs lui reprochaient de ne pas incarner une « solution française », autrement dit de ne pas créer d’emplois dans l’Hexagone). Pour Trévilly, c’est une sacrée revanche, et qu’importent ses motivations, ses méthodes – les mêmes que lorsqu’il travaillait pour le tabac –, puisque, à la fin, les cigarettiers ont perdu. «Yves,son parcours est follement romanesque, s’enthousiasme Pauline Delpech. On dirait un film. Sicpa a compris qu’il fallait le récupérer. Les cigarettiers doivent s’en mordre les doigts de l’avoir laissé partir. » De quoi le conforter dans sa conviction qu’il est le meilleur lobbyiste de Paris. « Parmi tous les gens que vous avez rencontrés, je n’imagine pas qu’on vous ait dit “Trévilly est un mauvais”, dit-il. Trévilly, on vous a dit soit qu’il est très bon, soit qu’il est excellent. » Mais certainement pas le plus modeste.