Espionnage
Parfois, la vie des affaires n’a rien à envier à un film d’espionnage. Dans le cas présent, cependant, il s’agit plus de Johnny English que de James Bond. Le Wall Street Journal (WSJ) a révélé lundi 6 novembre qu’un consultant français, spécialiste du terrorisme, Jean-Charles Brisard, s’était fait passer pour un journaliste du quotidien américain des affaires afin de cuisiner Carson Block, célèbre gérant du fonds spéculatif new- yorkais Muddy Waters. Rendez-vous avait été pris le 30 octobre dans un hôtel de Manhattan. Le financier, qui avait éventé la supercherie, a filmé l’entretien avec son smartphone. Dans cette vidéo, on entend M.Block interroger son interlocuteur sur sa véritable identité. L’homme affirme être un journaliste, même s’il reconnaît ne pas être mandaté par le WSJ. Quand M. Block lui demande s’il est envoyé par le distributeur Casino, celui que le WSJ identifie comme M. Brisard nie, puis se lève et s’en va. M. Brisard n’a pas répondu à nos appels.
M. Block accuse le groupe français, contre lequel il avait lancé une virulente campagne en décembre 2015 afin de faire plonger son cours de Bourse, de le faire espionner : « La façon dont l’entreprise [Casino] utilise des enquêteurs se faisant passer pour des journalistes et des représentants des autorités montre le désintérêt des dirigeants pour l’éthique et les règles. » « Nous condamnons ces méthodes, c’est une nouvelle accusation calomnieuse de Muddy Waters », conteste le distributeur.
Ces derniers mois, Muddy Waters a constaté d’autres demandes de renseignements suspectes, notamment d’un soi-disant représentant de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Le 1er novembre, le fonds spéculatif a déposé un recours auprès d’un tribunal new-yorkais afin de contraindre Google à livrer l’identité des personnes associées aux comptes Gmail utilisés pour ces échanges, notamment celui s’inspirant du nom d’un correspondant du WSJ à Paris.
M.Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, est également enquêteur pour le compte d’entreprises. Une profession à laquelle le fonds Muddy Waters (« eaux boueuses », en français) a souvent recours. M. Block, qui aime lui aussi approcher ses cibles sous un faux nom, emploie à l’occasion d’anciens de la CIA... spécialistes du détecteur de mensonges.
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